Tout homme a besoin de représenter son territoire pour se l’approprier, y exercer son autorité, le mesurer, l’exploiter, le parcourir. Alors dès que les Arabes se sont lancés à la conquête des rives orientales et occidentales de la Méditerranée, à partir du Ier H. / VIIe ap. J.C., ils n’ont eu de cesse d’en donner une image, la plus conforme possible à la réalité.
Cette figuration scientifique s’appuie sur des connaissances astronomiques et mathématiques. Or grâce à leurs conquêtes, les Arabes recueillent l’héritage du savoir antique. Ils l’assimilent et développent à merveille les diverses branches de la connaissance. Aussi les savants arabes sont-ils les premiers à construire une véritable cartographie de la Méditerranée.
Au cours des siècles fondateurs du monde de l’Islam, les géographes al-Balkhi, al-Istakhrî, ibn Hawqal, al-Muqaddasi donnent une figuration relativement abstraite à dominante géométrique. Mais petit à petit sous l’influence des marchands, des marins, des voyageurs (lien pop up récit ibn Jubayr sur la Méditerranée) et grâce à la redécouvertede Ptolémée, la carte devient une véritable réduction du monde. Al-Idrîsî à la fin du Ve H. / XIe ap J.-C. est le véritable fondateur de cette nouvelle géographie qui prend en compte la latitude calculée au moyen des astrolabes et la longitude estimée de chaque lieu, de chaque port. Quelques décennies plus tard, la rencontre de cette science avec les techniques maritimes des croisés va donner naissance aux fameux portulans , reproductions presque parfaites de la Méditerranée, à échelle constante. Désormais la cartographie moderne est née, l’image du monde va devenir une réalité.

J.-M. Homet