accueil Soigner
retour soigner

page précédente


La préservation de la santé

La préservation de la santé était le premier objectif de la médecine en terre d’Islam.
Se rattachant à la tradition indienne où la diététique et l’hygiène de vie étaient primordiales, les médecins tentaient d’abord de prévenir la maladie en prodiguant des conseils pour la vie quotidienne (alimentation, soin du corps, sexualité).
Le maître mot était la modération.

La science de la médecine, écrit al-Majûsi dans Le livre princier (Malâki), peut être divisée en trois parties. La première est la science des « choses naturelles », la deuxième la science des « choses non naturelles », la troisième la science des « choses extra-naturelles ».
On appelle « choses naturelles » les éléments, le tempérament, les humeurs , les facultés, etc. Les choses « extra-naturelles » sont les maladies, les causes et leurs symptômes . Il reste les « non-naturelles », un vaste domaine auquel
al-Majûsi a entièrement consacré la cinquième section de la première partie de son livre. Il explique qu’il s’agit de six choses absolument essentielles pour maintenir une bonne santé :

  1. l’air qui nous entoure ;
  2. l’action et le repos ;
  3. la nourriture et la boisson ;
  4. la veille et le sommeil ;
  5. l’excrétion et la rétention naturelles (dont le bain et le coït) ;
  6. les émotions –la joie, la colère, la tristesse, etc. Si elles étaient maintenues dans un certain niveau d’équilibre, elles garantissaient la santé du corps.

Manfred Ullmann, La médecine islamique, PUF, Paris, 1995.

Un éclaircissement de plus sur le massage pour recouvrer des forces : en effet, il était en partie un sport ; d’abord, on doit commencer par mettre de la pommade, ensuite masser fortement puis modérément tout le corps, à l’exclusion du cou. Le mieux est que ce soit effectué à deux mains.
Celui qui se fait masser doit tendre ses membres déjà pressés afin d’en enlever la lassitude. Puis on passe une étoffe sur toutes les parties tendues du corps. La personne retient momentanément son souffle si possible en détendant les muscles du ventre et en contractant ceux de la poitrine. Enfin, elle tend également ceux du ventre afin de recouvrer dans une certaine mesure sa force. Elle peut, de temps en temps, se mettre à marcher, s’allonger et accrocher ses pieds à ceux de son compagnon.
Usage médical du hammâm
Ibn Sina,
Le Canon de la médecine
620 H. / 1221 ap. J.-C.
Le Caire, Bibliothèque nationale d’Egypte, cote tib 500

L’hygiène, encouragée par le Prophète Mahomet, commençait avec le rituel des ablutions du visage, des mains et des pieds pour éliminer les souillures (contact avec de l’urine ou des excréments ou des cadavres d’animaux, etc.) avant chaque prière.
De même, avant les repas, les convives étaient invités à se laver les mains avec une aiguière.
Nombreux étaient les bains ou
hammâm qui permettaient des ablutions de tout le corps. Hérité de la tradition antique des thermes, le hammâm obéissait à un rite bien précis : il comportait une succession de gestes accomplis dans des pièces différentes, disposées en enfilade : près de l’entrée se trouvait la salle de déshabillage et de repos ; elle était suivie d’une salle d’eau froide disposant de bassines pour asperger le corps; la pièce d’eau tiède ménageait une transition avant de parvenir à la salle d’eau chaude, envahie par la vapeur et conçue pour provoquer la sudation. .
Le voyageur ibn Jubayr écrit au VIe H./XIIe siècle ap. J.-C. :
« À Bagdad, les bains sont innombrables. L’un des Chayr de la ville m’a rapporté qu’il y en avait environ deux mille, tant dans la partie est que dans la partie ouest. Ils sont pour la plupart enduits de bitume, plafond compris, et le visiteur imagine que c’est du marbre noir poli. (…) À Damas, il y a près de cent bains dans la ville et dans les faubourgs, tandis qu’on trouve quarante édifices pour les ablutions, qui ont tous de l’eau courante. »

D’après
Marc Bergé, Les Arabes, éd.Lidis, Paris, 1978

Quant à la joie, elle est très avantageuse tant qu’elle est modérée parce qu’elle distrait le cœur et communique au corps une énergie instinctive qui le réchauffe d’une manière mesurée l’aidant ainsi à poursuivre ses actes naturels et psychologiques. Cette joie équilibrée est considérée comme étant un des moyens les plus efficaces contribuant au traitement de plusieurs maladies. Ce type de joie est donc très recommandé. Cependant il faut éviter définitivement la joie excessive et l’entrain démesuré parce qu’ils ont des effets très dangereux et ils peuvent même causer la mort s’ils dépassent leur limite.
Eloge de la tempérance
Ibn al-Raqamany,

La thèse perfectionnée de la préservation de la santé corporelle
IXe H. / XVe ap. J.-C.
Le Caire, Bibliothèque nationale d’Egypte, cote tib 514

De l’eau potable était proposée aux passants dans les fontaines publiques (sabil kuttâb) dans un but charitable, permettant de limiter les maladies liées à l’insalubrité de l’eau.
Toujours richement décoré, placé à l’angle d’un édifice, au croisement des rues ou rattaché à un ensemble architectural, le sabil était un repère très important dans la ville. Les sabils ont marqué l’urbanisme du Caire, mais ils ne sont plus en usage. L’eau potable est désormais proposée dans des vases ou des jarres en terre cuite parfois décorés, qui conservent la fraîcheur de l’eau. Laissés devant les échoppes à disposition des passants, l’eau est puisée avec des gobelets.


+ d'infos sur :
les savants les thèmes
Al-Majûsi l’hygiène
les humeurs
les symptômes

La médecine vue par ...
Les héritages
La
préservation
de la santé
Du symptôme au diagnostic
La pharmacopée
La chirurgie
L'ophtalmologie
La gynécologie
La médecine vétérinaire